L’essor de la biologie à faire soi-même

La biologie moderne est née en 1953, lorsque fut découverte la structure en "double hélice" de l'ADN, la molécule qui code l’ensemble de notre patrimoine génétique dans chacune de nos cellules. Mais à cette époque, on ne pouvait soupçonner l'ampleur des changements technologiques qui allaient découler de cette trouvaille. Aujourd'hui, on peut par exemple se livrer à la génomique personnelle, qui nous permet d'accéder à une véritable description de notre "moi génétique", ce qui nous définit en tant qu’organisme.

La baisse des prix a joué un grand rôle dans l'avènement de cette nouvelle technologie, estime Thomas Landrain. Le séquençage du premier génome a demandé 10 ans et trois milliards d'euros. Aujourd'hui, on peut effectuer la même opération en quelques jours, pour environ 2 ou 3000 euros - voir beaucoup moins : 23andMe propose de séquencer votre génome pour 300 $, et demain proposera des applications utilisant vos données génétiques.

En dehors de la génomique personnelle, une autre tendance se fait jour actuellement : elle consiste à adopter une approche "ingénierie" de la biologie. Elle consiste à utiliser la matière vivante pour effectuer des tâches utiles. C'est le tout nouveau champ de la biologie synthétique que Thomas Landrain surnomme "le vivant en kit". Il s'agit de diviser les composants du vivant (autrement dit, les différentes portions de l'ADN) et de caractériser leurs fonctions. Du coup, on n'a plus besoin de comprendre le mécanisme complexe de chaque composant pour créer un système vivant. Et on peut le concevoir à l'aide d'un simple ordinateur. Le principe consiste à effectuer une réduction de la complexité inhérente au vivant.

Le concept permet par exemple au MIT d'organiser chaque année une compétition de biologie synthétique (la fameuse compétition IGEM lancée en 2004) à laquelle participent des étudiants du monde entier (y compris des lycéens). Chaque équipe dispose en tout et pour tout de trois mois pour réaliser son prototype en laboratoire, le tester et le présenter. Parmi les systèmes biologiques réalisés au cours de l'IGEM, on peut mentionner une bactérie capable de détecter la présence d’arsenic dans des eaux polluées, une autre produisant de l'hémoglobine (en vue de créer un jour du sang artificiel ?), du yaourt ou de la bière créés à partir de micro-organismes leur ajoutant des vitamines ou compléments alimentaires ; ou encore une bactérie dégradant le gluten, un composant qu'on trouve dans de nombreuses céréales comme le blé, et qui est la source de divers problèmes de santé.

Très intéressant.